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16 mars 2022

Vivants, de Mehdi Charef

livres

Après Rue des Paquerettes, Medhi Charef nous livre la suite de son intégration en région parisienne, dans les années 60. Son bidonville détruit (voir La Cité des Paquerettes), voilà notre jeune algérien et sa famille relogé dans une cité de préfabriqués. Sous sa plume simple et sincère qui glisse sur les page comme on écoute un ami, il nous raconte les premières lueurs de modernité dans sa vie d'immigré, les premières marques d'intégration, surtout de ses parents, mais aussi à l'école où il cherche une raison d'avancer. Un livre qui se lit comme on écoute un ami nous narrer son enfance.

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J’apprends à mon père à écrire son nom. Il tient bien le stylo entre ses trois doigts, il ne tremble pas. Est-il épaté ou troublé d’écrire pour la première fois de sa vie, à trente-six ans ?
Mon père est de cette génération qu’on a fait venir en France après la Seconde Guerre mondiale, pour reconstruire ce que les Américains et les Allemands avaient bombardé. Que de temps perdu, depuis les années qu’il est là. On aurait pu proposer aux ouvriers algériens des cours du soir, leur montrer ainsi un peu d’estime. Ils devraient tous savoir lire et écrire.
Mon père sourit, ses yeux brillent. Il est là, surpris, ému, parce qu’il voit bien que ce n’est pas si difficile que ça de se servir d’un stylo. À côté de lui, j’entends sa respiration, son souffle.
À quoi pense-t-il ce soir dans notre baraque ? Se dit-il qu’analphabète, il est une proie facile pour ses employeurs, un animal en captivité ?
La colère monte en moi.

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