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26 novembre 2011

La Paroisse Bretonne, conférence de Béatrice Cabedoce

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Ce samedi après-midi à la mairie de Versailles, Béatrice Cabedoce nous a exposé plus d’une heure trente durant ce que fut la Paroisse Bretonne, institution de soutien, d’entraide et de support aux premières génération de Bretons investissant Paris dès 1870. Elle s’est pour cela appuyée sur son mémoire de Maîtrise datant de 1979, repris et mis à jour par ses soins il y a 2 ans. J'ai beaucoup appris lors de cette conférence.

A compter de la seconde moitié du XIXème siècle, l’essor des routes et voies ferrées conduit les bretons aux moyens les plus faibles à venir s’installer à Paris et alentours. Le terminus est alors extérieur aux enceintes du Paris intra-muros. Le quartier de Montparnasse est populaire, voir mal famé, et c’est là qu’atterrissent bon nombre d’émigrés. Brutalement, ils se trouvent confrontés à la barrière de la langue, à la pauvreté urbaine, aux différences de meurs, aux problèmes liés à l’emploi, au logement. Dès lors, ils parviennent souvent à n’obtenir que les emplois les plus durs, mal payés, auparavant occupés par les provinciaux issus de Savoie ou d’Auvergne qui sont désormais mieux intégrés : travail au métropolitain, terrassement, emploi saisonnier agricole.

L’Abbé Cadic, morbihannais d’origine, fonde en 1897 la Paroisse Bretonne, société catholique pour encadre les arrivants bretons, soutenir leur installation, leur intégration, et maintenir la liaison avec la culture, les origines et les bonnes mœurs bretonnes, en essayant d’utiliser ces aspects pour maintenir la foi des émigrés bretons. L’œuvre s’appuie pour cela sur la richesse des familles bourgeoises bienfaitrices. Le cœur des réunions de prière, de retrouvailles ou d’échanges est à l’église Notre-Dame des Champs…

L’action de la Paroisse Bretonne se diversifie : vestiaires, bureaux de placement, du logement, patronage des jeunes filles, prise en charge des orphelins, messes et rassemblements, conférences, concerts, veillées, banquets annuels, fest-deizh et noz, cours du soir, pardons… puis plus tard une société d’épargne, des magasins de produits bretons... La banlieue entre dans le cercle. Des chapelles d'urgences voient le jour dans les quartiers bretonnants nouveaux, tel notre Porchefontaine et sa chapelle Saint-Michel, devenue depuis église.

Le bulletin de la société naît. Ce sera le « Breton de Paris ». L’abbé Cadic œuvrera autant que possible pour qu’il soit diffusé largement en Bretagne, afin notamment d’alerter ses confrères sur les dangers d’envoyer ou de laisser partir ses paroissiens et surtout ses paroissiennes vers l’Ile-de-France, espérant ainsi ralentir l’émigration bretonne vers la capitale.

Petit-à-petit, les Bretons s’encrent dans la capitale. Vient en 1905 la séparation de l’église et de l’état, en parallèle de la succession des générations. Les nouveaux arrivants sont moins perdus, ils comprennent parfois un peu le français et ont des points de chutes sur Paris.

L’abbé Cadic est un directeur impliqué, dynamique, mais rigoureux et exigeant. Le temps passant, il refuse l’évolution des mœurs, préférant voir les jeunes filles rester bonnes auprès des familles bourgeoises plutôt que d’apprendre les métiers du secrétariat, nouvellement naissant, qui pourraient les exposer à la gente masculine, voir à des souteneurs. Petit-à-petit, les bretons s’intègre à la vie parisienne relativement anti-religieuse, progressent dans la hiérarchie du travail, et, à partir de la première guerre-mondiale, se détachent de l’œuvre de la Paroisse Bretonne. L’œuvre ne survivra ainsi pas au décès de son fondateur en 1929, mais elle aura été d’un intérêt important pour l’intégration des premiers arrivants.

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